Paris à la reconquête des berges de la Seine

Publié le par E&R-Ile de France

 

 
Il sait que «ça va gueuler» mais ne paraît guère s'en émouvoir. Mercredi, à l'heure de présenter à la presse le projet de «reconquête» des voies sur berges, Bertrand Delanoë semblait tout au contraire savourer l'effet produit par sa dernière trouvaille.
D'ici à l'été 2012, a-t-il annoncé, les 2,5 kilomètres de la voie express rive gauche - du quai Voltaire au quai Branly - seront «débarrassés» de toute circulation automobile au profit des piétons, cyclistes, espaces verts et autres lieux de fêtes. De l'autre côté du fleuve, la voie Georges-Pompidou sera réaménagée pour être convertie en «boulevard urbain» ponctué de feux rouges et flanqué d'une large allée piétonne.

Ce programme, estimé à 40 millions d'euros, suscitera sûrement l'ire des automobilistes et de nombreux commerçants. Dès mercredi, l'adjointe au maire chargée de l'urbanisme, Anne Hidalgo, a pourtant assuré: «Ce programme n'a pas vocation à créer de l'interdit, mais bien à donner davantage de liberté aux Parisiens.»

Chargés il y a une dizaine de mois de plancher sur le sujet, les spécialistes de l'Atelier parisien d'urbanisme ont minutieusement étudié les flux de circulation afin d'évaluer les effets des différentes mesures envisagées. «Il nous est apparu qu'il était impossible de fermer totalement la voie express rive droite sous peine de paralyser le trafic en direction de l'est, précise Bertrand Delanoë.


C'est pourquoi nous assumons de présenter un projet radicalement différent pour chacune des deux berges.» En pratique, la vitesse des véhicules circulant rive droite sera «régulée» par une succession de feux rouges qui devraient la faire baisser de 50 à 40 km/h, en moyenne, durant les heures creuses.


Quant aux heures de pointe, selon une étude réalisée par la direction de la voirie et des déplacements, le temps nécessaire pour gagner la porte de Bercy depuis la porte de Saint-Cloud devrait passer de 31 à 37 minutes.Le volume du trafic risque alors de rendre moins agréables les promenades le long de ce boulevard urbain.


Rive gauche, le maire estime au contraire que les axes de circulation situés en hauteur sont en mesure d'absorber le surcroît de trafic généré par la fermeture des voies sur berge. La durée moyenne de la traversée d'est en ouest, aux heures de pointe, passerait alors de 23 à 29 minutes. En lieu et place de la chaussée, des promenades, terrains de sports, jardins botaniques et autres espaces festifs seront créés tout au long du fleuve - dans un esprit qui n'est pas sans rappeler celui de «Paris-Plages». Barges et autres îlots artificiels pourraient même faire leur apparition sur la Seine.


Informé des grandes lignes de ce projet, le préfet de police de la capitale, Michel Gaudin, ne semble pas y avoir manifesté une hostilité de principe. Il sera toutefois attentif à ce qu'il soit praticable en termes de circulation. Au Conseil de Paris, la démarche est d'ailleurs jugée «intelligente» par certains responsables de l'opposition municipale. Le préfet Gaudin, lui, souhaite visiblement profiter de ce projet pour remettre à plat toute la probléma tique de la circulation à Paris.On confie néanmoins dans son entourage que le plan de la Mairie de Paris aggraverait les nombreuses difficultés en cours, comme les travaux du tramway ou la mise en conformité de vingt-deux tunnels de la capitale.


Des tests sur les tracés imaginés par l'équipe Delanoë pourraient dans un premier temps être réalisés. «Il suffit de mettre provisoirement des barrières et des feux rouges amovibles pour bloquer les accès. Nous verrons bien alors où les bouchons se forment», dit un expert.


Promettant une large concertation, tant avec les maires d'arrondissement qu'avec les élus de la petite couronne, Delanoë voudrait soumettre une première délibération au Conseil de Paris d'ici à l'été. «Si nous réussissons cette opération, je pense que Paris changera en profondeur», jubile-t-il, manifestement encouragé par le succès rencontré, après les polémiques des premières années, par l'opération «Paris-Plages".

 

Cyrill Louis & Jean-Marc Leclerc

 

source : le figaro.fr

 

 

Publié dans Société

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